Quatre mains pour un pied
Si Jeanne Bleuse et Noémi Boutin partagent un indéniable talent musical qui s’exprime, pour l’une, à travers cet instrument à cordes frappées qu’est le piano et, pour l’autre, à travers cet instrument à cordes frottées, pincées et frappées également (mais plus rarement, c’est vrai) qu’est le violoncelle, elles partagent aussi une profonde amitié qui leur permet d’offrir au public de ravissants concerts et de laisser éclater au grand jour leur belle sororité ainsi que leurs belles sonorités (niveau rime riche, on n’a jamais fait mieux)...
C’est donc en frottant, en pinçant et en frappant leurs cordes respectives que ces deux passionarias de l’archet et du marteau vous feront entendre les œuvres de Ludwig Van Beethoven, Leoš Janáček et Béla Bartók (pour les messieurs), de Clara Schumann, Fanny Hensel Mendelssohn et Rita Strohl (pour les dames), au cours d’un programme exceptionnellement paritaire...
Ce qui rattache ces compositeurs et ces compositrices du XIXe siècle, c’est d’avoir battu la campagne pour récolter les danses, les contes et les chants qu’elle recelait afin de ne rien oublier des traditions musicales de leur pays (voilà pourquoi ce spectacle s’intitule Fantaisies populaires) et c’est le XIXe siècle lui-même - cette époque où l’on s’intéressait à l’amour et à l’intimité, où l’on se préoccupait de l’ailleurs et de l’altérité, avant que le XXe siècle ne vienne pulvériser tout ça avec ses goulags et ses camps de concentration. Si vous goûtez les voyages introspectifs au cœur des passions humaines et si vous rêvez de sillonner de ravissantes contrées (histoire d’oublier un peu notre XXIe siècle qui n’est guère plus désopilant), Jeanne et Noémi sont ici...