Franco de porc
Le franquisme n’est pas la maladie dont souffriraient les groupies éplorées de Frank Alamo, mais bien l’idéologie conservatrice et nationale-catholique qu’imposa l’autoritaire et moustachu caudillo, de l’autre côté des Pyrénées, de 1936 jusqu’à son décès et ce, malgré un manque flagrant de charisme...
C’est pour régler son compte à cette doctrine politique et à son immonde représentant, ainsi qu’à toutes les autres formes de fascisme qui portent la haine des étrangers en étendard et le rejet des différences en bandoulière, qu’Agnés Mateus vous jettera en pleine poire cette petite bombe artisanale qu’est Patatas fritas falsas, deux saisons après l’inoubliable Rebota rebota y en tu cara explota où, pour traiter du sexisme ordinaire et des féminicides, elle faisait déjà preuve d’un authentique et remarquable talent d’artificière...
Cette amatrice de titres hispanisants et de brûlots anarchisants déboulera donc sur le plateau avec son habituelle puissance de feu en n’épargnant rien ni personne, en mimant les vociférations et les aboiements qu’affectionnent tous les absolutistes, en manipulant une marionnette à l’effigie du dictateur ibérique (qui possède plus d’humanité dans le regard que son modèle, c’est dire) et en se propulsant dans les gradins pour y donner une édifiante leçon de corruption. Ne manquant ni de frite ni de patate, aussi convaincant dans la frontalité de son propos que dans son sens de la métaphore, Patatas fritas falsas est donc un puissant manifeste antifa, un cri de révolte pop et coloré extrêmement bienvenu par les temps qui courent - un ¡No pasarán! artiste et détonant qu’on aimerait bien in fine vous voir reprendre collectivement...
"SEULE EN SCÈNE PENDANT UNE HEURE ET DEMIE, AGNÈS MATEUS, TELLE UNE BOXEUSE SUR UN RING, VA INCARNER LE FASCISME ORDINAIRE SOUS TOUTES SES COUTURES."L’HUMANITÉ