Le centre d’art présentera du 10 janvier au 9 mars 2025 une exposition consacrée à l’artiste Thierry Dussac composée des oeuvres issues de ses dernières créations, en regard avec des œuvres plus anciennes ainsi qu’un corpus de travail sur la thématique du handicap.
Pour mieux comprendre sa peinture
Thierry Dussac est un peintre français né en 1969. Son travail est intimement lié à sa vie personnelle, source centrale de ses recherches picturales. Il se réfugie très tôt dans le dessin afin d’échapper à une enfance difficile, marquée par une éducation catholique stricte et culpabilisante. Le rejet du corps inculqué par cette éducation fait naître en lui une obsession pour celui-ci, qui sera la matière principale de son œuvre.
Dès l’adolescence, il étudie des livres d’anatomie afin d’acquérir des connaissances sur le corps humain et développer ses habilités techniques en dessin et peinture. C’est aussi le sujet du corps qui lui donne son premier choc pictural à Pompidou avec la série « Women » de De Kooning, représentant des femmes nues assises, aux corps vociférants et déstructurés.
L’évolution de son parcours artistique suit le cours des grandes étapes de sa vie personnelle. Avec la naissance de son fils Maël en 1995, il prend conscience que sa vie sera dédiée à la peinture
La naissance de sa fille Amicie en 2007 marque le véritable début de sa carrière avec sa première exposition publique au MAC Paris. Atteinte d’une luxation de la hanche à la naissance, sa fille devra porter un harnais de Pavlik. Cet épisode sera la source de sa série « Harnais ». Pendant des mois, il peindra avec une rare violence les pleurs et souffrances de sa fille, jusqu’à la libération et l’apaisement.
Naitront plus tard Ludivine et Octave, qui seront eux aussi des protagonistes de ses tableaux, notamment dans la série des «7 péchés capitaux» en 2019.
L’année 2014 marque un tournant dans sa vie personnelle et son parcours artistique.
Cette année-là, il est victime d’un grave accident de moto qui lui fait perdre l’usage de son bras droit pendant plusieurs mois. Après le choc de la nouvelle, il va démarrer un grand travail de ré-apprentissage de la peinture et y voit une occasion de faire évoluer sa pratique et de se relancer dans une liberté du geste, selon lui « perdue à cause de trop de savoir-faire ».
Depuis ses débuts, Dussac cherche à révéler la beauté enfouie dans les aspects les plus tabous des corps humains. Cette réflexion s’est intensifiée suite à son accident de moto en 2014, qui a servi de matière à une série sur le handicap en 2022, en collaboration avec l’écrivain tétraplégique Luc Leprêtre.
L’idée des deux artistes est alors d’unir handicap, reconstruction, résilience, et beauté. Les corps handicapés sont souvent cachés, peu mis en valeur. Ils sont pourtant puissants, marqués par la vie, ont une histoire à raconter. La démarche n’est pas de choquer, mais de révéler, montrer que ces corps meurtris exposent toute leur force dans l’intimité
Intéressant non ??